Tous les 10 ans, le recensement général agricole (RGA) permet d’avoir une bonne vision de la situation de l’agriculture, que ce soit au niveau national, régional, départemental ou communal. Les premiers résultats du RGA 2020 viennent d’être publiés, et ils sont malheureusement très instructifs pour St Cyr.(cliquer pour voir le tableau )
En 10 ans, de 2010 à 2020, la surface agricole utile (SAU) est passée de 19% à 17 % des 2.115 hectares de la superficie totale de notre commune, soit une baisse de 11%, et le nombre d’exploitations a baissé de près de 23% ! Ceci contredit définitivement le « bobard » de notre maire, qui continue à vanter sa politique d’aménagement de la commune reposant sur « trois tiers » : un tiers d’espaces naturels, un tiers d’agriculture et un tiers d’urbanisation .Les « 33 % » du tiers agricole ne sont en fait que 17 %, la moitié. Cherchez l’erreur !
Lors du conseil municipal du 25/01/2022 sur le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) Dominique Olivier est revenu sur le sujet :(Extrait du compte rendu de la séance du conseil fait par la sténotypiste)
« je vais me permettre de reprendre un certain nombre de points sur les problèmes d’agriculture, parce que je vous avouerais que j’ai été un peu frappé ou choqué par la phrase que vous avez prononcée : « ville modèle au plan agricole ». Vous avez recité un chiffre qui vous tient beaucoup à coeur, à savoir les 3/3. Je ne sais pas si vous vous en rappelez, mais à la dernière réunion du Conseil municipal j’avais posé la question de savoir si l’on avait les résultats du Recensement Général Agricole de 2020 et il se trouve que quelques jours après la réunion du dernier Conseil municipal il y a eu les premières publications de ce Recensement Général Agricole qui a lieu tous les 10 ans. J’en ai retiré deux chiffres. Le premier, c’est que les zones agricoles à Saint-Cyr -et ça, ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’Insee, c’est le RGA- représentent 17 %, et dans ces 17 %, on compte les friches. Votre tiers, Monsieur le Maire, commence donc à se réduire sérieusement. Par ailleurs, entre 2010 et 2020, le nombre d’exploitations -là aussi, c’est l’Insee qui le dit- a baissé d’un quart (de 23% très exactement). Un dernier mot sur les problèmes agricoles : un certain nombre de communes qui nous entourent sont en train -et certaines l’ont déjà fait- de lancer ce que l’on appelle des programmes de Zones Agricoles Protégées (les ZAP) qui permettent de protéger l’agriculture et de garantir le maintien de marchés. Quand je parlais de l’évolution des exploitations, il faut bien voir que ceux qui souffrent le plus, ceux qui disparaissent le plus, ce sont les maraîchers. »
Réponse de M Joannon, adjoint à l’Urbanisme :
« cela fait plusieurs fois que vous venez un peu chatouiller le Maire sur les 3/3. Je persiste à dire que les 3/3, cela existe, ce sont les zonages. On a 1/3 de zone urbaine, 1/3 de zone agricole et 1/3 de zone naturelle. La zone agricole, c’est un choix, ce n’est pas un hasard. On classe en agricole les zones agronomiquement faites pour produire. Après, est-ce le PLU, est-ce le Maire qui peut inciter les gens à prendre une pioche et à exploiter ? Je ne le crois pas. Vous avez parlé des zones agricoles protégées (ZAP). C’est une servitude, comme une servitude d’EBC. Il y a pas mal de communes autour qui en ont développé (Le Beausset, La Cadière) et cela peut être institué en dehors du PLU, puis intégré au PLU. Il faut quand même pas mal de temps pour le mettre en place, il faut réunir tous les partenaires autour de la table. Aujourd’hui, je crois que l’on a fait un bon travail : préserver les terres agricoles en termes de zonage. Après, sur la disparition d’un certain nombre d’exploitations, je l’entends, mais je vois aussi qu’il y a des terres qui ne l’étaient pas et qui sont remises en culture. Quand on prend la route de Bandol, on a au moins 2 hectares de vignoble, alors qu’il n’y avait plus rien. Si l’on avait basculé -comme cela avait été la demande à l’époque- en zone urbaine, il y aurait des immeubles. Or, aujourd’hui, la vigne est revenue. Il y a pas mal d’exemples comme ça sur la commune. Alors, cela se joue à une année près, je crois que les chiffres que vous avez évoqués sur le Recensement Agricole remontent au moins à 1 an ou 2… et je suis persuadé que les deux années, 2021 et 2022, vont réserver de bonnes surprises. Après, un commentaire sur le maraîchage. J’entendais un jour un paysan qui disait : « A un moment donné, je menais les tomates au marché et on m’en donnait 1 €, mon voisin y menait une bouteille et on lui en donnait 15 €. J’ai donc fait comme lui : j’ai arraché mes tomates et j’ai mis de la vigne ». Ce n’est pas ce qui explique la disparition du maraîchage, mais c’est vrai que c’est difficile. Que faisons-nous ? Nous ne faisons pas grand-chose, on ne peut pas prendre la pioche ; en revanche, on peut aider les circuits courts. L’Amap de Saint-Cyr qui avait 200 adhérents entre La Ciotat et Saint-Cyr s’est dissociée et s’est divisée en deux pour avoir 100 adhérents de Saint-Cyr et environ. Je rappelle d’ailleurs qu’il y a au sein de l’Amap des gens qui animent le SEL (Système d’Échange Local) qu’il y a entre Le Beausset et Saint-Cyr. Cette Amap est une Amap bio. Après, on est pour ou on est contre, peu importe, mais il y a au moins 1 ou 2 exploitants agricoles qui gardent la tête hors de l’eau grâce à l’Amap. Qu’avons-nous fait ? Nous avons mis à disposition la Halle Franck Leboeuf pour qu’ils puissent… Quand on est interpellés sur les ressourceries, les Repair Cafés et autres, j’y suis favorable à 200 %. Simplement, on voit que lorsque des initiatives sont prises, elles sont prises par des associatifs qui ensuite sollicitent la collectivité pour avoir un local, etc. La Ville a sa place à tenir à un moment ou un autre. Moi, je ne parle que du PLU. L’outil ZAP n’est pas mieux que l’outil « je reste classé zone agricole pendant x temps ». S’il faut faire une ZAP, on pourra toujours la faire, mais l’essentiel est déjà de rester en zone agricole ».
Dominique Olivier a clos la discussion en réaffirmant :
« Sur le 1/3 agricole, je suis désolé, je suis un peu bête et discipliné, mais je fais confiance aux chiffres. L’Insee me dit qu’il y a 17 % de terres agricoles, y compris les friches. Je veux donc bien que l’on parle en l’air, mais il y a les chiffres. Concernant ce qu’a dit Bruno Joannon sur la façon dont la commune peut aider, il y a un certain nombre de communes aux alentours, dans les Alpes-Maritimes et dans le Var, qui ont passé des contrats avec les agriculteurs pour la fourniture, par exemple, des cantines scolaires. Je me rappelle que l’on a posé la question un jour ici en Conseil municipal et la réponse qui nous avait été faite, c’était de nous dire que ce n’était pas possible parce qu’il n’y avait aucun maraîcher qui pouvait nous fournir tout l’approvisionnement des cantines. Or, ce n’est pas ce que l’on demande. Je dis simplement qu’il y a un certain nombre de communes qui le font et qu’il faut donc commencer »
Lors de ce même conseil, Laura Genevois est aussi intervenue sur le sujet de l’agriculture : (Extrait du compte rendu de la séance du conseil fait par la sténotypiste)
« Le premier sujet, selon moi, c’est l’agriculture, puisque c’est le sujet le plus important, on mange tous les jours. Page 18, comme on peut le lire dans le rapport, il y a l’objectif « valoriser et encourager l’agriculture ». Aujourd’hui, on a la chance d’avoir sur Saint-Cyr quelques producteurs de fruits et légumes -également de vin et d’huile d’olive, ce que j’apprécie, c’est bien d’avoir une alimentation diversifiée. J’insiste concernant les producteurs de fruits et légumes, nous avons de la chance ! Mais, c’est comme en amour : quand on en a, on considère souvent que c’est acquis, et c’est quand on le perd que l’on se rend compte qu’il nous manque et que l’on en avait véritablement besoin. Concernant les maraîchers, pour moi, c’est pareil. On peut considérer que l’on a des producteurs à Saint-Cyr qui nous sont acquis, mais parfois, ils vivent avec un SMIC pour toute l’exploitation et avec de gros crédits derrière. C’est une situation qui n’est donc pas la plus confortable et il est possible que s’ils arrêtent, ils n’aient pas de repreneur derrière. Je pense qu’aujourd’hui à Saint-Cyr il y a encore beaucoup d’approvisionnements de commerces saint-cyriens avec des produits qui viennent de loin et qui ne vont pas forcément favoriser nos producteurs. Je me demandais si la Mairie pouvait avoir une démarche proactive dans cette intention. De plus, toujours par rapport à ce sujet de l’agriculture, j’aimerais connaître la politique de la Ville concernant la préemption de terrains privés pour les réaffecter à un usage agricole ou éviter qu’ils ne soient urbanisés. »
Réponse de M. le maire :
« je suis aussi surpris -si vous me le permettez, aimablement, Madame- que par rapport à la première, dans la mesure où la Ville, de façon régulière, préempte via la SAFER et remet à disposition d’agriculteurs des terrains que nous achetons. Chaque année, nous achetons des terrains. Tout récemment, nous en avons acquis un au niveau de la Clare et il a été mis à disposition d’un agriculteur. Nous en avons d’autres à côté de la Gâche, également mis à disposition d’agriculteurs. Vous avez bien fait de poser cette question, parce que cela nous permet de donner des informations. Nous avons également tous les terrains du Conservatoire du littoral que nous gérons et, de mémoire, je peux vous dire que nous avons 279 litres d’huile communale qui viennent d’être apportés au moulin. Nous avons également du vin communal. Nous sommes une des rares communes en France, non seulement à avoir des vignes -d’autres en ont, mais nos vignes -et c’est l’occasion de leur envoyer un message de considération- sont entièrement entretenues par le personnel municipal. Ce sont eux qui taillent, qui font les Sagattes, qui vendangent. Ce sont les employés municipaux et, de ce point de vue, en matière agricole, je pense que l’on est une ville modèle, à la fois par les terrains du Conservatoire, par les terrains communaux, par les terrains que l’on acquiert et par tout ce que l’on met à disposition. Je parle sous le contrôle de Frédéric Herbaut, mais depuis toujours, tous nos marchés paysans ont gratuité sur l’intégralité de notre domaine public. Vous voyez que c’est un portrait réel qui est bien différent de celui de votre présentation ».